Questions sur le programme de rétablissement.

Que sont les "Douze étapes" ? Le programme de rétablissement de l’alcoolisme des A.A. est basé sur ce principe des « Douze Etapes ». Elles sont offertes à titre de suggestions seulement, et furent conçues à partir des méprises et des erreurs des premiers membres A.A. Elles décrivent les attitudes et les activités considérées comme importantes pour ces membres dans leurs efforts pour parvenir à la sobriété. Personne n’est obligé d'accepter ces « Douze Etapes ».
L’expérience démontre, cependant, qu’un membre qui fait un effort réel pour observer ces étapes et essayer de les mettre en pratique dans sa vie quotidienne, semble retirer du mouvement infiniment plus que celui qui ne s’en soucie guère. Il est pratiquement impossible, dit-on, de suivre ces étapes à la lettre, au jour le jour. C’est peut-être vrai, au sens que les « Douze Etapes » dévoilent un modèle de vie entièrement nouveau à la plupart des alcooliques, nombreux sont les membres, cependant, qui croient qu’elles sont une nécessité absolue comme gage de la sobriété.
Que sont les "Douze traditions" ? Les « Douze Traditions » des A.A. renferment les principes qui peuvent assurer la survivance et la croissance des milliers de groupes qui forment la Fraternité. Elles sont le fruit de l’expérience même des groupes, accumulée au cours des années décisives du mouvement. Les traditions sont aussi importantes pour les nouveaux que pour les anciens membres. Elles rappellent que la Société est basée sur le souci initial de milliers d’hommes ou de femmes, de sauvegarder leur sobriété et d’aider les autres a l’obtenir.
Qu'est-ce qu'une rechute ? Il peut arriver qu’un homme ou une femme sobre avec l’aide des A.A., s’enivre à nouveau. Dans A.A., un incident de ce genre s’appelle « rechute ». Elle peut se produire après les premières semaines ou les premiers mois de sobriété et même après des années. Presque tous les alcooliques qui ont vécu l'expérience d’une rechute vous diront qu’ils peuvent retracer les causes spécifiques de la rechute. Ils ont, par exemple, oublié de propos délibéré leurs aveux qu’ils étaient alcooliques et péché par présomption dans leur maîtrise de l’alcool. Ou bien, ils se sont abstenus, soit d’assister aux réunions des A.A., soit de conserver un contact sporadique avec d’autres A.A., ou ils se sont laissés trop absorber par leurs occupations ou leur vie sociale, oubliant l'importance de la sobriété. Ou ils se sont surmenés et ont été surpris au moment où leurs facultés mentales et émotives étaient engourdies. Pour tout dire, la « rechute » n’est pas l’effet du hasard.
Les A.A. ont-ils un manuel ? L’association recommande deux volumes de base généralement considérés comme « manuels ». Le premier, "Alcooliques Anonymes", aussi connu comme le "Gros Livre" fut d’abord publié en 1939 et réimprimé plus d’une douzaine de fois. Une nouvelle édition révisée fut éditée en 1963. Le second, Douze Etapes et Douze Traditions, fut publié en 1953. C’est une analyse, faite par le survivant des deux fondateurs, des principes qui ont assuré‚ jusqu’ici la survie des individus et des groupes au sein du mouvement A.A. Un troisième volume, "A.A. Devient Adulte", relate brièvement l’histoire des deux premières décennies de la Fraternité. Alcooliques Anonymes relate l’histoire personnelle de quinze alcooliques typiques qui, grâce aux A.A.,ont atteint pour la première fois une sobriété constante. On y rappelle aussi les moyens et les principes qui, de l’aveu même des premiers membres, leur ont permis de vaincre l’obsession de boire. 12 Etapes 12 Traditions, compagnon du Gros Livre, est plutôt un volume d’interprétation et d’inspiration. Ces deux livres sont en vente dans les groupes.
Qu'est-ce que le programme de vingt-quatre heures ? Cette expression « Le programme de vingt-quatre heures », sert à décrire l’un des principaux moyens de résoudre ce problème de la sobriété. L’A.A. ne jure jamais de ne plus boire. Il ne fait jamais de promesses qui l’engageraient à ne pas boire « demain ». Lorsqu’il se tourne vers A.A. pour avoir de l’aide, il a déjà découvert que, fut-il animé des meilleures intentions en promettant de s'abstenir de boire dans le futur, il pourrait pourtant oublier sa promesse et s’enivrer. La frénésie de l’alcool aura toujours été plus forte que les meilleures intentions. Le membre des A.A. reconnaît que son plus grand problème est de rester sobre dans le moment actuel. Les « vingt-quatre heures » d’aujourd’hui est la seule période de sa vie où il peut accomplir quelque chose en regard de son problème. Hier est disparu. Demain n’est jamais là. « Mais aujourd’hui », se dit-il, « aujourd’hui », je ne prendrai pas un verre. Je serai peut-être tenté de boire demain - et peut-être le ferai-je. Mais pourquoi me tracasser pour demain qui n’est pas encore là ? Mon gros problème est de ne pas prendre un verre pour ces présentes « vingt-quatre heures ». Pour appuyer le programme de vingt-quatre heures, A.A. souligne l’importance de trois slogans dont le nouveau venu a sûrement entendu parler avant de venir aux A.A. Ce sont « Agissez lentement », « Vivre et laisser vivre », « La première chose, en premier ». Le membre qui envisage les problèmes de la vie quotidienne à la lumière de ces slogans, s’aide puissamment dans ses efforts à vivre une vie heureuse et sobre.
Comment se fait-il que A.A. ne semble pas réussir pour certaines gens ? Cette question est quelquefois posée par quelqu’un qui a vu un parent ou un ami « essayer » A.A., puis se remettre à boire après une période de sobriété. La réponse est que les A.A. n’ont de succès qu’auprès de ceux qui admettent leur alcoolisme, qui désirent sincèrement arrêter de boire ; qui sont capables de garder ces faits au premier plan dans leur esprit et en tout temps. A.A. ne réussira généralement pas chez l’homme ou chez la femme qui garde des réserves sur sa condition d’alcoolique, ou qui se cramponne a l’espoir qu’il pourra un jour boire de nouveau normalement. La plupart des autorités médicales reconnaissent que toute personne alcoolique ne peut plus boire de façon sociable. L’alcoolique doit admettre et accepter cette vérité fondamentale. En outre, le désir sincère d’arrêter de boire doit s’associer à cette admission et à cette acceptation.
Sobres par A.A. depuis quelque temps, certains membres sont enclins à oublier qu’ils sont alcooliques, avec tout ce qu’un tel verdict suppose de danger. Leur sobriété les rend trop confiants et ils décident de s’essayer à boire de nouveau. On peut prédire d’avance, pour l’alcoolique, les résultats de telles ambitions. Invariablement, le mal progresse de plus en plus.
A.A. m'aidera-t-il financièrement ? Beaucoup d’alcooliques, au moment où ils se confient aux A.A., afin de résoudre leur problème d’alcool, ont aussi accumulé de sérieux problèmes financiers. Naturellement, certains chérissent l’espoir que les A.A. pourront les aider à régler leurs obligations financières les plus pressantes. Aux premiers jours d’A.A. comme société, l’expérience a démontré que la facilité du nouveau venu à demeurer sobre ou à se sortir de situations difficiles où l’abus de l’alcool l’avait conduit, ne tenait pas à une question d’argent. Celui qui veut honnêtement et sincèrement faire face aux réalités de la vie, « Si endetté soit-il », n’a jamais pu démontrer que le manque d’argent fut un obstacle. Aussitôt que le problème principal, celui de la boisson, a été résolu, tous les autres problèmes, y compris les problèmes financiers semblent se régler à tour de rôle. Certains membres ont réussi un relèvement financier sensationnel au cours d’une période de temps relativement courte. Pour d’autres, la remontée a été longue et pénible. La réponse demeure invariable A.A. n’existe que pour un seul but et ce but n’est en aucune façon apparenté à la prospérité ou à la pauvreté. Il n’y a rien qui puisse empêcher un membre d’inviter à dîner, d’habiller ou même de prêter une somme d’argent à un nouveau venu. Une telle décision reste à la discrétion de chacun. Toutefois, laisser croire au nouveau venu que le mouvement est une sorte d’institution de charité serait l’induire en erreur.
A.A. m'aidera-t-il à régler mes problèmes de famille ? L’alcool est fréquemment un élément de désordre dans la vie de famille il exagère les petites chicanes, dévoile les défauts de caractère et cause des problèmes financiers. Même avant de se joindre aux A.A., que d’hommes et de femmes ont réussi à gâcher complètement leur vie de famille. Certains nouveaux venus, se rendant compte tout à coup de leurs responsabilités devant un tel état de confusion, désirent avec ardeur et enthousiasme, à force de promesses d’amendement, renouer les liens rompus avec leur famille afin de mener une vie normale. D’autres, avec ou sans raison, manifestent toujours envers leur famille un profond ressentiment. Presque toujours, le nouveau venu qui est sincère dans sa détermination de rester membre, n’a pas de difficulté à renouer les liens rompus de sa vie de famille. Ces liens qui réunissent l’alcoolique rétabli à sa famille sont souvent plus solides qu’auparavant Quelquefois, par contre, le dommage est irréparable au point qu’il faille aborder le problème sous un jour tout à fait différent. En général, l’histoire se termine sur une note heureuse. L’expérience nous apprend que l’alcoolique qui se joint aux A.A. dans le seul but de sauvegarder la paix familiale et non parce qu’il désire vraiment s’arrêter de boire, pourra éprouver de la difficulté à atteindre la sobriété. Le désir de sobriété doit prédominer. Une fois sobre, l’alcoolique s’apercevra qu’il est en mesure de faire face avec réalisme à une foule de tracas qu’il pourra régler maintenant avec beaucoup de facilité.
A.A. dirige-t-il des hôpitaux ou des maisons de repos pour alcooliques ? Il n’y a pas « d’hôpitaux ou de maisons de repos A.A. ». En fait A.A. ne patronne aucune institution du genre. S’appuyant sur la tradition que la société ne vienne jamais en conflit avec ceux qui rendent des services de ce genre, la société évite aussi tout malentendu quant à son but primordial qui est d’aider les alcooliques à la recherche d’un mode de vie sans alcool. Dans certaines localités, des comités de service, composés de membres des A.A. ont pris personnellement des dispositions avec les hôpitaux de l’endroit permettant l’admission d’alcooliques aux fins de traitements. Ils sont recommandés par les membres en tant qu’individus et non comme représentants de la fraternité comme telle. Ailleurs, des groupes ou des membres d’A.A. ont ouvert des maisons de repos où les nouveaux venus sont initiés, d’abord, au programme de relèvement. Les propriétaires ou les garants de ces maisons, à cause de leur connaissance profonde des problèmes que doit affronter l’alcoolique à ce premier stade si difficile de la sobriété, sont souvent en mesure de l’aider. Toutefois, ces maisons n’ont aucun rapport avec l’association, Si ce n’est qu’elles sont parfois régies par des personnes qui sont parvenues à la sobriété par A.A. En tant que mouvement, les A.A. ne sont jamais affiliés à aucune entreprise commerciale.
A.A. encourage-t-il les activités sociales ? La plupart des membres sont des gens sociables, ce qui a pu, en partie, contribuer à les rendre alcooliques. C’est pourquoi, on essaye toujours de rendre les réunions aussi animées que possible. La fraternité des A.A. n’a jamais établi un programme défini de loisirs pour ses membres, puisque le seul but du mouvement est d’aider l'alcoolique à devenir sobre. Dans certaines régions, des membres, sous leur propre responsabilité, ont ouvert des clubs ou fourni d’autres genres de divertissements aux gens de leur groupe. Ces clubs sont complètement indépendants des A.A. et un grand soin est apporté à ne pas les identifier avec le mouvement. Où il n’y a pas de clubs, il n’est pas rare de voir les groupes, selon l’occasion, organiser des dîners anniversaires, des pique-niques, des réunions à la veille du jour de l’An ou autres fêtes spéciales. Dans plusieurs grandes villes, des membres dînent ensemble régulièrement et organisent d’amicales réunions de fin de semaine.
Que pense la profession médicale des A.A. ? Dés les premiers jours, l’association s’est réjouie de l’amitié et de l’encouragement de médecins qui connaissaient son programme de relèvement de l’alcoolisme. Les médecins, plus que n’importe quel autre groupe, peut-être, sont en mesure d’apprécier, depuis longtemps, l’incertitude des autres méthodes de rétablissement envers cette maladie. Les A.A. n’ont jamais prétendu posséder l’unique solution au problème de l’alcoolisme, mais leur programme a Si souvent réussi là où toutes les autres méthodes avaient failli, qu’aujourd’hui, les médecins sont, dans leur localité, les meilleurs partenaires de notre programme. Jusqu’à un certain point l’attitude de la profession médicale envers A.A. fut définie en 1951, lorsque « Alcoholics Anonymous » fut désigné comme l’un des récipiendaires des fameux certificats « Lasker » en reconnaissance des incontestables succès obtenus dans le traitement de l’alcoolisme, comme maladie, effaçant ainsi la flétrissure sociale qui y était attachée. Dans certaines régions, A.A. est encore un mouvement nouveau ou inconnu et tous les médecins ne sont pas au courant de son programme de rétablissement. On trouvera, ci-après, émanant d’autorités médicales compétentes qui furent parmi les premiéres à observer et à apprécier le mouvement, quelques extraits de commentaires sur les A.A. Le docteur J.P. BENHAMOU, Professeur à l’Université de Paris VII, Chef du Service d’Hépatologie à l’hôpital Beaujon: « Il y a une dizaine d’années, j’ai été contacté par les Alcooliques Anonymes, une organisation dont je connaissais vaguement l’existence et dont j’ignorais complètement les principes. J’ai été immédiatement séduit et profondément convaincu par un des aspects de la philosophie des Alcooliques Anonymes : l’alcoolique doit prendre conscience de sa maladie et assumer ainsi son propre traitement ». Le docteur NIOX-RIVIERE, Responsable de l’Unité d’Alcoologie de l’hôpital Saint-Cloud : « Pour ma part, j’ai établi des liens étroits avec les groupes d’anciens buveurs et, en particulier, avec les Alcooliques Anonymes. Leur aide s’est manifestée avant, pendant et après le séjour hospitalier. Quant à leurs modalités de fonctionnement, leur doctrine, c’est à chaque patient d’en juger la valeur. En qualité de thérapeute, j’apprécie l’efficacité du groupe où se forge une identité collective, où l’amour qui y circule permet une réparation de la personne grâce à l’assimilation de l’histoire des autres ». Le docteur L. BENICHOU, neuro-pshychiaire à Orthez, Président du C.D.D.C.A., Chargé‚ de Cours à l’Université de Bordeaux II : « L’alcoolisme est une maladie bien particulière et un problème médical difficile. J’en suis convaincu pour l’avoir vécu souvent depuis plus de dix ans dés lors qu’un malade alcoolique découvre la fraternité des « Alcooliques Anonymes » non seulement il reprend espoir, mais il retrouve le chemin de la liberté. En particulier, ils savent bien qu’on ne « force » personne à se soigner et qu’on n’empêche personne de boire. Seul compte, même fugace, même à éclipses, le désir de l’alcoolique d’arrêter de boire et ce message-là A.A. sait le faire comprendre à l’alcoolique noyé dans « son » alcool ».
Que pensent les autorités religieuses des A.A. ? lI est probable qu’aucun autre mouvement laïque des temps modernes n’a reçu don plus riche que l’appui du clergé de toutes les confessions. Comme ses médecins, les directeurs spirituels de l’homme se sont souvent penchés sur les problèmes de l’alcoolisme Beaucoup de ministres du culte ont entendu maints honnêtes gens faire des promesses sincères de s’abstenir de cet alcool qu’ils ne pouvaient plus maîtriser - pour les voir briser ces promesses après quelques heures, quelques jours ou quelques semaines. La sympathie, la compréhension et les appels à la conscience des ministres du culte furent sans effet dans leurs efforts pour aider l’alcoolique. Il n’est donc pas surprenant que la fraternité, même si elle offre un mode de vie plutôt qu’un mode de religion bien définie, reçoive un si chaleureux appui des porte-parole des différentes confessions. Voici, sur le mouvement des A.A., quelques appréciations de certains d’entre eux. Le père Dowling, du personnel de « The Quenn’s Work », a eu une occasion exceptionnelle d’observer le mouvement des Alcooliques Anonymes. « Il constate que la pierre angulaire de la thérapie des A.A. renferme l’abnégation, l’humilité, la charité, le bon exemple et les occasions d’un nouveau mode de recréation sociale. Toutes les confessions sont représentées dans le mouvement. Les lecteurs peuvent être assurés qu’aucun des articles ou des livres sur le mouvement n’apporte le « dixième » de cette conviction que l’on ressent au contact personnel d’un membre ou d’un groupe de membres dont les personnalités, les foyers, les occupations ont passé du désordre complet à des réussites solides ». The Living Church (Episcopalienne). « La base de la technique des Alcooliques Anonymes repose vraiment sur le principe chrétien qu’un homme ne peut s’aider lui-même qu’en aidant les autres. Les membres comparent leur plan de rétablissement à un plan d’assurance personnelle. Il a permis à des centaines d’êtres humains voués à une dégénérescence complète, de restaurer leur santé physique, morale et spirituelle et de reconquérir par cette thérapie unique mais efficace, leur dignité et leur confiance en eux ».
Qui sont les responsables de la publicité des A.A. ? La tradition veut que les relations extérieures de la société soient centrées sur l’attrait plutôt que sur la réclame. A.A. ne recherche jamais la publicité, mais coopère toujours avec les représentants responsables de la presse, de la radio, de la télévision, du cinéma ou de tout autre média désireux de se renseigner sur le programme de relèvement. Les nouvelles publiées sur les Alcooliques Anonymes à l’échelon national ou international sont inspirées de l’intérêt que lui portent ses amis, jamais par le mouvement même. A l’échelon local, certains membres tiennent à informer la presse, la radio ou la télévision de la création de nouveaux groupes et de la date des réunions. L’association est profondément reconnaissante à ses amis ; c’est à eux qu’elle doit la considération dont la fraternité jouit aujourd’hui. Elle est également très sensible à ce fait qu’un des éléments essentiels à son programme, l’anonymat, ait été si fidèlement respecté par tous.